Deep Fake

Le 16 juillet : représentation à 22h30

Deep Fake est une performance expérimentale mêlant théâtre documentaire et art performatif, qui explore la crise silencieuse de la présence humaine à l’ère numérique.
Installée dans un environnement de studio simulé — fond vert, lumières douces, accessoires minimalistes — la pièce plonge le public au cœur d’un processus stérile : la captation d’avatars numériques. Les interprètes se soumettent à des protocoles rigides : ils restent immobiles, respirent par le nez, parlent avec de faux sourires figés. Leur comportement mécanique dévoile peu à peu une vulnérabilité plus profonde — un reflet de notre résignation discrète face aux systèmes technologiques qui dictent la façon dont nous sommes perçus et entendus.

Au fil de la performance, la frontière entre le réel et l’artificiel s’efface.
Il n’y a pas de narration classique, ni de début ni de fin au sens traditionnel. Le spectateur est plongé dans un espace de désorientation subtile — où les rôles d’observateur et de participant se confondent, où la notion même de présence devient incertaine. Cette confusion n’est pas une erreur, mais le miroir d’un état psychologique collectif : déréalisation, aliénation, anesthésie de la perception.

Dans un monde hyperconnecté, la communication se fragilise.
Même entourés physiquement d’autrui, nous nous sentons souvent profondément seuls. Notre attention mentale est saturée par un flux incessant de stimulations, nous coupant de notre propre réalité. Deep Fake ne prétend pas que l’intelligence artificielle est la cause de cette fracture — elle révèle seulement des peurs déjà ancrées dans la nature humaine.

Par sa structure immersive et improvisée, la performance devient un espace de réflexion collective.
Elle interroge : combien de nous-mêmes avons-nous externalisé dans la simulation ? Combien de nos interactions sont des performances répétées ? Et surtout : quel est le coût émotionnel de la visibilité dans un monde peuplé de doublures numériques ?

Deep Fake invite le public non seulement à assister à un acte performatif, mais à confronter sa propre expérience d’isolement, à questionner la fragilité de la vérité dans un monde post-vérité, et à observer comment l’effondrement du lien réel laisse place à une solitude persistante.